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La villa qu'habitait la famille Démétrius Thazar à Turgeau était spacieuse, bien aérée et très propre ; son soubassement extrêmement élevé préservait de l'humidité et faisait du rez-de-chaussée un véritable entresol, lequel était composé d'un grand salon, d'une salle à manger reliée à un office, d'un autre petit salon attenant au grand et d'une pièce où prenait naissance l'escalier. L'étage supérieur comprenait trois grandes chambres à coucher et deux petites s'ouvrant sur un immense balcon donnant face à l'est, par où arrivait la nuit, le vent frais et souvent un peu vif de Pétion-Ville. À…mehr

Produktbeschreibung
La villa qu'habitait la famille Démétrius Thazar à Turgeau était spacieuse, bien aérée et très propre ; son soubassement extrêmement élevé préservait de l'humidité et faisait du rez-de-chaussée un véritable entresol, lequel était composé d'un grand salon, d'une salle à manger reliée à un office, d'un autre petit salon attenant au grand et d'une pièce où prenait naissance l'escalier. L'étage supérieur comprenait trois grandes chambres à coucher et deux petites s'ouvrant sur un immense balcon donnant face à l'est, par où arrivait la nuit, le vent frais et souvent un peu vif de Pétion-Ville. À l'ouest, par un petit balcon, on avait vue sur un coin de mer toujours trop calme et sur les villas des environs - avec pour décor de fond, à gauche, la montagne bleue. En bas, du salon, dont les huit portes communiquaient avec une grande galerie dallée rose et blanc, on dominait le jardin aux parterres fleuris où, de-ci de-là, la stature harmonieuse et sereine d'un palmiste rappelait que la nature savait aussi concéder aux arbres l'élégance et la beauté ; au-delà, la vue était encore charmée par un champ d'herbe au milieu duquel trônaient des manguiers trapus aux coupoles d'un vert sombre. Dans la cour, des citronniers, des orangers, des amandiers, des cocotiers, un campêche donnaient de l'ombre jusqu'au champ d'herbe. Du côté nord, un large perron dénommé terrasse par Madame Thazar, auquel on accédait par des marches également dallées rose et blanc, continuait la galerie. Entre la dernière marche du perron et le jardin saillait un jet d'eau dont une voiture pouvait aisément faire le tour. Enfin, tout le long de l'entourage, étaient plantés des bananiers en grand nombre, au pied desquels fuyaient des ruisselets d'eau claire. Cette propriété avait été achetée sous Hyppolite{1} par M. Démétrius Thazar, lequel était alors un des Haïtiens les plus huppés. En effet, la fortune de M. Thazar paraissait établie sur les bases les plus solides ; Port-de-Paix avait vu naître, croître et prospérer cet homme de bien. Si jamais commerçant haïtien arrivât à posséder une honorable aisance à la sueur de son front, c'était bien celui-là ! Malheureusement ses relations particulières avec le général Hyppolite, chef de la révolution de 1889, le portèrent à se mêler de politique.