Me Caséus Téramène avait eu sa minute de gloire au barreau de Port-au-Prince... Il avait quitté naguère sa ville natale parce qu'elle était trop petite pour contenir la réputation d'éloquence qu'il s'y était faite. Il était venu à la capitale aux fins de prendre la place que ses propres concitoyens, et lui-même, proclamaient digne de son mérite. Ce jour-là on l'avait accompagné, très loin sur la route, en nombreuse cavalcade. À un des relais, après avoir mis pied à terre pour boire une dernière fois à sa santé, on s'était bruyamment embrassé et séparé. Durant vingt-quatre heures, dans la modeste cité, on ne s'occupa que de l'illustre voyageur. Personne ne doutait qu'avant longtemps les échos judiciaires de toutes les feuilles publiques du pays ne retentissent de ce nom de Caséus Téramène, désormais placé dans un cadre approprié à sa valeur. Ses confrères surtout ne tarissaient pas en pronostics optimistes : ils le voyaient, enlevé par l'éclat de sa brillante popularité, sous peu à la tête du département de la justice. Alors que de réformes, toujours promises et, du seul fait de son arrivée au pouvoir, devenues une réalité ! Car on connaissait Caséus Téramène, sa volonté d'attirer sur sa personne l'attention nationale, de faire honneur à sa petite ville. C'était un homme austère, inflexible dans sa tenue, dans ses discours, incapable de transiger avec les principes qui avaient été l'honneur de sa vie.
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